Itinéraire d’un voyage au Sénégal

par | 19 Mai 2016 | Sénégal | 8 commentaires

Le Sénégal s’est mis sur notre route de manière totalement inattendue. En septembre, j’écrivais d’ailleurs mes souvenirs à propos de mon tout premier grand voyage sans me douter que je retournerais deux mois plus tard dans ce pays qui avait accueilli mes premiers pas de voyageuse. Suite au départ précipité de Joël au Mali, j’ai cherché à me rapprocher de lui au cas où il aurait pu se libérer quelques jours pour nous voir. Pour un premier voyage en Afrique seule avec Sacha, il me semblait plus simple de commencer par un pays dans lequel j’avais déjà été. Et puis, lors de mon voyage en 2000 au Sénégal, il n’était pas recommandé d’aller en Casamance, cette région située dans le sud du pays. Pourtant, elle m’attirait. Son nom, son fleuve, sa réputation de grenier du Sénégal, sa position géographique, son histoire… Mon choix s’est donc porté sur le Sénégal, et plus particulièrement la Casamance. Même si j’appréhendais quelque peu de retourner dans ce pays qui m’avait tant bouleversée, j’étais heureuse à l’idée de remettre les pieds sur le continent africain et de me tester. Avais-je grandi depuis cette première expérience ? Serais-je capable de me laisser aller au voyage, de m’ouvrir et de tout gérer seule ? J’ai longtemps rêvé mon itinéraire et tenté de le planifier. Nous nous sommes mis en ordre de vaccination, nous avons pris un traitement préventif contre le paludisme, j’ai investi dans un gilet de sauvetage enfant pour nos traversées en pirogue et j’ai réservé une chambre pour nos premiers jours à Dakar. Dans cet article, je vous propose de suivre l’itinéraire de notre voyage de 1 mois au Sénégal qui s’est construit au gré des rencontres et des envies.

Jour 1 à jour 8 : Dakar

Presque tout voyage commence par quelques jours dans la capitale. À Dakar, nous resterons une semaine car, pour rejoindre la Casamance, je souhaite prendre le ferry Aline Sitoe Diatta, la liaison maritime qui rejoint Dakar à Ziguinchor en faisant escale à Carabane. Le bateau ne part que deux fois par semaine : le mardi et le vendredi. Comme nous arrivons le mardi matin à Dakar et n’ayant pas obtenu de cabine pour le vendredi, nous quitterons Dakar le mardi suivant dans une cabine pour 4 personnes que je partagerai avec un grand-père et son neveu. Ils ne s’attendaient pas à se trouver avec une femme dans leur cabine. Peut-être que, une fois encore, mon prénom m’aura fait passer pour un homme. On m’avait cependant confirmé lors de la réservation que les cabines de 4 étaient unisexes.
Nous logeons à l’Espace Thialy, une auberge sympa dans le quartier Patte d’Oie. Nous y rencontrons deux femmes, Anne-Marie et Dominique, une amoureuse de l’Afrique de l’Ouest et une grande voyageuse des mers et des îles, avec lesquelles nous ferons nos premiers pas dans la ville – Gorée, N’Gor, la pointe des Almadies – et qui deviendront des amies. Sacha découvre ses premières saveurs africaines : thiéboudiène, yassa, pastels, bissap et shawarmas du libanais du quartier. Je ne retrouve pas les sensations que j’avais eues en 2000. Il faut dire que la ville a bien changé depuis ! Je reviens dans cet article sur mes impressions dans cette immense ville qu’est Dakar et vous proposerai quelques idées d’activités pour découvrir la ville et ses alentours avec un enfant.

Jour 9 à jour 10 : Carabane

Après une excellente nuit sur le Aline Sitoe Diatta, nous entamons au petit matin la remontée du fleuve Casamance. Le petit-déjeuner à peine avalé, nous devons rejoindre le pont car nous accostons bientôt à Carabane. Malgré le débarquement des passagers et marchandises, l’île est calme et sereine. Quel contraste avec la bruyante et turbulente Dakar ! Et pour cause, il n’y a pas de voitures sur la petite île qui ne compte que quelques 300 habitants.

L’air est encore frais, les couleurs sont belles et les animaux courent en liberté. Nous empruntons le chemin pour rejoindre le campement « Chez Héllêna » et croisons des truies avec leur portée de porcelets roses, noirs ou les deux, un coq et sa basse cour sur un mur et quelques chèvres blanches. Il règne sur cette île une atmosphère de ville déchue. Une église bretonne, une ancienne maison aux esclaves totalement en ruines, les restes d’un passé colonial. Nous arrivons sur la plage où se trouve le campement. Du sable blanc, des cocotiers, de l’eau bleue… Pas un bruit sinon celui du vent et de la mer. On s’assied face au fleuve en silence, on regarde sauter quelques dauphins, on prend conscience de la chance que l’on a de pouvoir découvrir de tels endroits.

On se promène sur l’île. On rencontre des femmes qui viennent tirer l’eau au puits ou qui vendent des bananes leur enfant sur le dos. On découvre pour la première fois la mangrove. On admire les immenses fromagers aux racines drapées et les baobabs. Sacha joue interminablement sur la plage avec les autres enfants. Mais le temps s’écoule lentement à Carabane. Peut-être trop lentement pour moi. Je ressens comme un malaise. Il me faut partir et continuer le voyage.

Jour 11 à jour 16 : Cachouane

Après deux nuits passées à Carabane, il est donc temps de reprendre la route. Vers 9 heures, nous prenons la pirogue villageoise pour Elinkine. On me conseille de m’arrêter au campement Efrane, de l’autre côté de l’île. Toujours sur Carabane, ce campement tenu par deux frères est totalement isolé. Il donne un peu l’impression d’être des Robinson Crusoé. Les cabanes rudimentaires sont en bois et en matériaux naturels. Certaines sont même dans les arbres. Cependant pour diversifier leur clientèle, ils sont en train de construire des cases en dur. L’endroit est magnifique et sauvage. Idéal pour ceux qui veulent se retirer de l’agitation pendant quelques jours. La prochaine fois que nous irons au Sénégal, nous passerons une ou deux nuits sur ce campement.

La pirogue nous attend. Nous embarquons pour Cachouane. À Dakar, on m’avait dit que c’était un endroit enchanteur. Et ce le fut dès notre approche ! Nous avons eu l’impression d’arriver dans un endroit merveilleux fait de gentillesse, de paysages à couper le souffle et romantiques à souhait et de joie. Un endroit où la vie s’écoule paisiblement au rythme des travaux agricoles et des visiteurs du Club Med, où les femmes chantent en récoltant le riz. Nous avons assisté à une danse diola, nous avons passé une matinée dans la forêt, avons visité Ehidj et l’île de Dis-moi-tout et fait tant d’autres expériences intéressantes. Si vous partez en Casamance en famille, n’hésitez pas à passer quelques jours à Cachouane « Chez Papis« . Vos enfants vont adorer ! Sacha est allé à l’école avec les petits et a passé la plupart de son temps à jouer avec eux. Libre, autonome et heureux. La beauté des lieux m’a profondément émue et a fait planer dans mon âme une profonde tristesse. Comment profiter de ces instants magiques que l’on voudrait tant partager avec la personne aimée ? Cachouane a été le coup de cœur de ce voyage.

Jour 17 à jour 20 : Elinkine

Nous quittons Cachouane avec le courrier du matin. Il part 2 fois par semaine pour rejoindre Elinkine : le jeudi et le dimanche. Avec Elinkine, nous retrouvons la circulation des voitures, le bruit, la chaleur suffocante de l’asphalte et les déchets qui jonchent le sol. Nous descendons au Casa Star, un hôtel, tenu par un couple franco-sénégalais, équipé d’une piscine et d’une connexion Internet. Je ne comptais y rester que deux jours mais je me laisse convaincre de rester le week-end car se préparent un pèlerinage marial très important, un concert d’un groupe du Cap Skiring et un mariage traditionnel. L’occasion de vivre encore des expériences uniques. Malheureusement, je ne verrai pas grand chose du pèlerinage mis à part la grande messe chantée du dimanche matin ni même du mariage car je me suis endormie par hasard et ne me suis réveillée que lorsque tout le monde était rentré. Par contre, j’ai assisté au concert mêlant jazz et rythmes africains.

Le week-end aura donc été assez calme, parfait pour se reposer après la longue randonnée (16 km A/R) que nous avions faite le vendredi vers la Pointe Saint-Georges dans le but de voir des lamantins que nous aurons à peine aperçus. Mais je ne regrette en rien cette longue promenade dans un paysage varié : forêt, rizières, mangroves, savane et littoral sur lequel nous avons vu une dizaine de vautours. Malgré les conditions difficiles liées à la chaleur et à la variation des types de terrain, Sacha m’a étonnée. Il a marché, grimpé aux arbres et couru. Pendant la marche, nous nous sommes reposés aux pieds des anacardiers. Ces arbres qui donnent les noix de cajou. J’ai terminé la journée le sourire aux lèvres malgré l’épuisement et le mal aux pieds. Je suis allée à la Pointe Saint-Georges à pieds !

Jour 21 : M’Lomp, Djiromaït, Oussouye, Ziguinchor

Avant de rejoindre Ziguinchor, je décide de visiter quelques villages sur la route. J’étais surtout intriguée par le complexe hôtelier de luxe abandonné de Djiromaït, situé juste au bord du fleuve Casamance. Je loue donc un taxi qui m’emmène à Oussouye en m’arrêtant à M’Lomp, pour visiter le (petit) Musée des traditions Diolas et les fameuses cases à étages dont on me parle tant depuis notre arrivée en Casamance, et à Djiromaït. M’Lomp… Seuls les fromagers géants au milieu de la place, les chauves-souris du grenier de la case à étages et la propriétaire de la maison ont attiré notre attention. Nous avons appris plus de choses sur la vie et les traditions diolas dans les villages que dans le musée.

Par contre, j’ai été très enthousiasmée par Djiromaït ! Quel endroit ! Un hôtel de luxe presqu’à l’abandon occupé par un gardien et sa famille. Tout y a été pensé en grand, en démesuré. Tellement que cela en est indécent. La splendeur de cet hôtel est encore visible même si les matériaux de construction n’ont pas supporté les hivernages et la nature reprend ses droits. Nous avons pu faire la visite à notre guise mais sans guide pour nous raconter le récit de cette folie. Toutefois, on m’a expliqué qu’il avait été construit il y a plus de 20 ans et qu’il n’avait jamais ouvert ses portes. Mais personne n’a pu m’en expliquer les raisons. Politiques ? Economiques ? Pratiques ? Comme alimenter un tel hôtel, avec plus de 200 chambres, en eau et en électricité dans une région où tous n’ont pas l’eau courante ni même l’électricité pour certains ? Le mystère plane. J’ai appris qu’il était parfois possible d’y dormir mais de manière non officielle. Une expérience étonnante et, peut-être même, angoissante une fois la nuit tombée. Nous quittons Djiromaït pour Oussouye où nous allons manger au campement villageois. Nous sommes trop fatigués et abrutis par la chaleur pour aller faire un tour. Alors, en attendant de repartir, nous nous reposons dans les hamacs en observant avec compassion les femmes en train de travailler dans les rizières.

Nous arrivons le soir à Ziguinchor et j’ai comme l’impression que cette ville ne nous réserve rien de bon. Après une embrouille avec le chauffeur de taxi, l’employée de l’hôtel où j’avais réservé quelques jours auparavant m’annonce que ma réservation a été annulée car je n’avais pas confirmé la veille et qu’il n’y avait plus de chambre disponible pour nous. D’assez mauvaise humeur, je reprends mon sac et Sacha sous le bras et nous partons à la recherche d’un autre hôtel. Nous trouvons refuge au Perroquet, un petit hôtel à la terrasse charmante juste en face du fleuve.

En sortant de l’hôtel, je retrouve l’homme qui nous avait collé de la sortie du taxi jusqu’au Perroquet qui nous attend. Je souhaite aller à l’Alliance française et découvrir un marché de Ziguinchor. J’essaye de lui faire comprendre que je n’ai pas besoin de lui, que je peux me débrouiller seule et que je préfère même être seule. Rien n’y fait. Il restera jusqu’à ce que je lui ferme la porte de ma chambre au nez ! Les désagréments d’être une femme seule en voyage. Je terminerai la journée épuisée et fortement irritée.

Jour 22 : Ziguinchor

À Ziguinchor, il fait chaud. Très chaud. Trop chaud pour explorer la ville. Je profite alors de la brise du fleuve et de l’ombre de la terrasse pour travailler un peu. Sacha joue et se repose sur la petite plage. Nous sortons toutefois à midi pour aller manger dans un petit restaurant local délicieux, dont j’ai oublié le nom, dans la rue du Capitaine Javelier. Nous rentrons à l’hôtel nous reposer. La ville et son tumulte m’épuisent. Je ne m’y sens pas à ma place. La tête me tourne. Je décide de quitter Ziguinchor dès le lendemain pour retrouver le calme et l’accueil des villages casamançais. Tant pis, pour Ziguinchor et son passé colonial, Ziguinchor et son atmosphère.

Jour 23 à jour 24 : Koubalan

S’évader de la ville demande beaucoup de patience. D’autant plus lorsque l’on va dans un village. Nous partons pour Koubalan, un village situé à l’orée de la forêt des Kalounayes. Pour s’y rendre, nous devons prendre un bus depuis la gare routière de Ziguinchor. Mais, comme souvent au Sénégal, on ne sait pas quand il démarre. Nous attendrons 4h dans le bus et la chaleur. Là encore, Sacha me surprend car il accepte les règles du jeu. Je lui explique que nous partirons quand le bus sera complet et que cela peut aller vite ou prendre beaucoup de temps. Il discute avec les gens, reçoit de l’eau glacée et des fruits, se fait masser le crâne par une dame et finit par s’endormir sur ses genoux. J’observe la vie dans cette gare routière, l’organisation infaillible dans ce qui semble être un joyeux chaos, les vendeurs qui bougent au gré des départs. Je m’amuse à être spectatrice de la vie grouillante. Peu à peu, je me laisse bercer par les bruits jusqu’à ce que je me fasse bousculer. Le bus est complet. On démarre collé-serré.

Quand nous arrivons, l’après-midi est déjà bien avancée. Le guide du campement nous accueille chaleureusement. Il emmène Sacha faire un tour en pirogue dans les bolongs pendant que je savoure une douche froide. Ensuite, nous allons faire un tour au village et rencontrons les musiciens en répétition. La soirée se passe agréablement avec un petit groupe de français de la commune de Cherbourg en échange solidaire qui termine son projet et organise une petite fête de départ.

Le lendemain matin, après ma lessive hebdomadaire, nous partons randonner dans la forêt des Kalounayes, raison principale de ma présence en ces lieux. La végétation est luxuriante. Une partie de cette forêt classée est exploitée en jardins fruitiers par quelques villageois. On y croise quelques vaches, de grands serpents et des singes. En plus des baobabs et fromagers géants, des anacardiers, pommiers de Cayor et rôniers, je découvre de nouvelles espèces d’arbre dont le caicedrat ou le nébédaye. Nous passons dans d’anciennes rizières. Le sol est recouvert de sel. En raison des pluies peu généreuses les saisons précédentes, les sols se sont asséchés et la salinité de l’eau a fort augmenté. Il faut désormais replanter la mangrove et trouver d’autres parcelles où planter le riz. En fin de promenade, notre guide, Abdou, nous emmène rencontrer un éleveur. Ses vaches sont belles. Il s’en fait une fierté. Il nous offre du lait fraîchement trait. Sacha se régale et se met à jouer avec les enfants. Je suis beaucoup moins à l’aise car une multitude d’abeilles tournent autour du pot de lait.

Nous rentrons par la piste sablonneuse et la route nous semble plus longue sous la chaleur. Nous terminons la journée dans le calme du campement. Sacha explore les environs et grimpe aux arbres pendant que je médite et observe les oiseaux.

Jour 25 : Abéné

Nous quittons à regret Koubalan. Mais le départ approche à grands pas, nous sommes encore loin de la Gambie et j’ai envie de découvrir d’autres villages. On nous conseille Abéné. S’annonce alors une longue journée de voyage pendant laquelle nous prendrons un bus jusqu’à la route principale, un taxi-brousse de 9 places dans lequel nous serons 15 jusqu’à Bignona, un autre taxi-brousse jusqu’à un croisement avec la route vers Abéné et enfin un taxi que nous attendrons plus de 2 heures au croisement et qui me réservera une surprise nauséabonde jusqu’à Abéné sur une piste chaotique. On nous a conseillé Le Kossey. Nous sommes les seuls clients. Bien que le cadre soit élégant et le jardin bien entretenu, je ne m’y sens pas bien. Trop de solitude. Trop de froideur. Nous déposons nos affaires à la case assez jolie où je peux enfin prendre la douche qui s’impose et nettoyer mes vêtements. Une fois propre, nous allons sur la grande plage juste devant le campement. Le ciel est couvert aujourd’hui. La mélancolie s’empare de moi. Je suis triste. Fidèle à lui-même, Sacha se lance dans le sable, joue et commence à parler aux gens. Je me fais aborder par un vendeur et quelques hommes. Je n’ai pas envie de discuter aujourd’hui. Je n’ai pas envie de jouer le jeu de la palabre. Je n’ai pas envie… Alors, je me lève et nous nous promenons le long de l’eau jusqu’à arriver à la plage des pêcheurs. Des pêcheurs qui viennent d’un peu partout, mais surtout du Ghana. Les hommes discutent ou réparent les filets. Les femmes sèchent les poissons. L’odeur est forte et prenante. Nous quittons la plage et tentons de rejoindre le centre d’Abéné. C’est loin et les interpellations qui se succèdent me poussent à rebrousser chemin et à aller manger au campement. Il vaut mieux que j’aille me coucher ce soir.

Jour 26 à jour 27 : Kabadio

Au départ, je devais rester deux nuits à Abéné. Mais mon malaise de la veille et une violente dispute entre la patronne et son jardinier au réveil m’incitent à partir plus vite pour rejoindre le campement villageois de Kabadio, un village retiré situé à la frontière gambienne. En attendant la jeep qui vient nous chercher, nous allons voir l’arbre sacré d’Abéné, six fromagers centenaires soudés. Un gambien rencontré la veille nous propose de nous accompagner jusque-là. L’arbre est immense et impose le respect. Je n’ai malheureusement pas le temps de m’entretenir avec le gardien de l’arbre car la voiture nous attend. Je ne saurai donc pas pourquoi cet arbre est sacré.
Pour aller à Kabadio depuis Abéné, il faut emprunter une piste étroite sablonneuse qui passe au milieu de la forêt. Avec Sacha, nous avons l’impression de vivre l’aventure. Les paysages que nous découvrons sont encore une fois magnifiques. Le campement villageois se situe hors du village et est assez isolé. Ici, il n’y a ni réseau ni électricité. L’accueil est chaleureux. Il faut dire que je suis une des rares touristes qui passe ici depuis plusieurs mois. La région, et le Sénégal de manière général, a beaucoup souffert de la crise Ebola au niveau du tourisme. Toute l’équipe du campement est aux petits soins pour nous. Les cases sont en bois avec des tissus blancs et une terrasse qui s’ouvre sur les bolongs. Le cadre est à nouveau enchanteur. En fin de journée, nous allons avec le gérant, Ablaj, à pieds jusqu’au village. En chemin, il nous raconte les potins du village avec des pseudo-humanitaires, il nous présente sa famille et nous raconte l’histoire du campement. Nous achetons des beignets et des fruits et rentrons au campement à la nuit tombée sur des jakartas. Sacha est aux anges. Pour ma part, je ne suis pas rassurée d’être sur ces engins sur les chemins sablonneux sans casque. Toutefois, je ressens à nouveau pleinement l’esprit du voyage. Je me sens bien dans ces endroits isolés.
Le lendemain, nous partons voguer dans les bolongs qui marquent la frontière entre le Sénégal et la Gambie. Nous marchons tout d’abord jusqu’à Niafourang où nous allons embarquer dans la pirogue. La mangrove est différente ici. Elle semble plus dense. Je m’informe s’il est possible de passer la frontière au petit poste-frontière. Mais je ne le sens pas. Le douanier me propose une solution qui ne me semble pas très catholique. Nous poursuivons notre croisière. Le guide, Maki, veut nous montrer les efforts de replantation de la mangrove qui a disparu suite aux précédentes sécheresses. Partout, les changements climatiques provoquent des crises. Car en augmentant la salinité de l’eau en raison du manque de pluie, ce n’est pas seulement la mangrove qui disparaît, ce sont aussi les terres disponibles pour la culture du riz, l’aliment de base au Sénégal. Conscients qu’il est impératif de préserver leur environnement, des villages entiers s’efforcent donc de replanter la mangrove en observant la nature et en utilisant les espèces qui s’acclimatent le mieux au manque d’eau et à la salinité. Nous rentrons au campement et Sacha retrouve Ablaj sous l’arbre à palabres. Celui-ci lui raconte les histoires des anciens et lui montre les petites merveilles de la nature. Pendant ce temps, je fais ma lessive en compagnie de Binta, la cuisinière. La vie s’écoule paisiblement.

Jour 28 à jour 30 : Bijilo, Gambie

Peu enthousiaste à l’idée d’emprunter le petit poste frontière local, nous quitterons finalement le Sénégal en passant par Séléti. Toutefois, avant de prendre la route, je souhaite réserver un hébergement à Bijilo en Gambie. Souleymane nous propose de nous emmener à moto au cyber café de Kafountine. Sur la route, nous nous faisons arrêter par un policier qui considère que ce n’est pas à l’enfant de porter le casque mais au chauffeur. Après moult discussions, nous pouvons enfin remonter sur la moto et entrer dans l’effervescente Kafountine. Ma réservation faite, nous retournons au campement reprendre nos sacs, saluer Ablaj, Maki, Binta et Souleymane et les remercier pour leur gentillesse et leur prévenance. Comme lors de chaque déplacement, c’est une véritable expédition qui nous attend. Nous prenons deux motos jusqu’au croisement avec la route principale, puis un bus jusqu’à une gare routière, puis un taxi-brousse jusqu’à la frontière. Il est préférable de changer votre argent au poste frontière sénégalais. C’est là que j’ai eu le meilleur taux de change. Arrivés en Gambie, nous avons droit à un traitement spécial puisque que nous sommes invités dans le bureau du chef de poste qui m’interroge sur ma profession et me demande ce que je fais là seule avec mon enfant et où se trouve mon mari. Ces questions sont revenues assez souvent pendant ce voyage. Finalement, leur curiosité satisfaite, ils nous souhaitent la bienvenue et nous laissent partir. Nous reprenons alors un taxi-brousse dont il ne reste que l’ossature, un bus puis un taxi. Arrivés à Bijilo, nous devons encore longuement marcher pour arriver à la Villa Calliandra. Cette chambre d’hôtes, tenue par une vétérinaire belge, n’est pas facile à trouver. Comme nous étions un peu perdus, GT, un gambien qui travaille pour Thomas Cook, nous a aidés jusqu’à ce que nous trouvions enfin notre hébergement. Quel choc ! C’est beau, c’est chic, c’est froid, c’est européen. Je me retrouve seule dans cette maison d’hôtes et je sens pour la première fois que le voyage est bientôt fini. Seule consolation, la joie de prendre une douche chaude après plus de 28 jours à l’eau froide. Nous resterons deux journées à Bijilo, cette station balnéaire fort touristique, sans y trouver d’intérêt à l’exception du Bijilo Forest Park, une réserve naturelle en bord de mer, d’un maquis traditionnel et d’une soirée en famille. Mais je vous réserve cela pour un prochain épisode ! Notre voyage en Afrique de l’Ouest se termine. À l’idée de rentrer en Belgique, j’ai le cafard… La lumière, la chaleur, la solidarité, la palabre, l’atmosphère, la vie, la patience, l’acceptation, l’entraide… Mon cœur est gros mais le retour annonce également la joie des retrouvailles…

Voyager au Sénégal avec un enfant

Offrir un voyage au Sénégal à votre enfant c’est lui offrir une expérience de vie unique et des rencontres enrichissantes. C’est graver en lui des souvenirs et des sensations qui le marqueront à jamais. Est-ce difficile ? Est-ce dangereux ? Faut-il prendre des précautions particulières ? Non. Non. Et non. Il s’agit de bon sens et de conscience. Pour partir, j’avais pris un gilet de secours sachant que nous allions souvent prendre des pirogues, du répulsif anti-moustique naturel et un traitement anti-palu. Mais surtout, ce qu’il est important de savoir, c’est qu’au Sénégal tout le monde veille sur les enfants ! Il n’arrivera rien à votre enfant car chacun se sent concerné par sa sécurité. Les enfants sont vite autonomes et indépendants parce que les plus grands veillent sur les plus petits. De plus, voyager avec un enfant, comme il est dit dans cet article de Tiphanya, c’est faciliter les rencontres et ouvrir plus facilement les portes des maisons. Pour ce qui est du confort, les enfants ne sont pas spécialement regardants. Dans la plupart des endroits où nous avons logé, il n’y avait pas d’eau chaude et cela ne nous a jamais posé problème même si nous avons été très heureux de prendre une douche chaude après plus de 3 semaines à l’eau froide. Je ne peux donc que vous encourager à tenter l’expérience d’un voyage au Sénégal avec votre enfant. Et si vous ne vous sentez pas assez à l’aise pour partir seul pour un premier voyage en Afrique, de nombreuses agences de voyage proposent des circuits sur mesure.
Pour ce voyage, j’avais emporté dans mes bagages deux guides : le Guide du Routard Sénégal et le Lonely Planet pour le Sénégal et la Gambie. Alors que je boudais le Routard depuis quelques années, je l’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir. Plus à jour, plus pratique et plus intéressant.
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