Instants d'Afrique. Errances en Afrique de l'Ouest Thomas Wild Editions Partis Pour

Instants d’Afrique. Errances en Afrique de l’Ouest

Instants d'Afrique. Errances en Afrique de l'Ouest. Thomas Wild. Editions Partis Pour

Un train surchargé qui traverse les frontières, entre le Sénégal et le Mali. Des taxi-brousses qui sillonnent l’ouest africain, sur les pistes de Gambie, du Togo et de la Guinée. Des moments de vie dans un quartier de Dakar, dans un village du Fouta Djallon ou de Guinée-Bissau. Un barrage militaire qui aurait pu mieux se passer. Un éléphant en colère. Un voyage en bateau chaotique. Des attentes interminables. De multiples et riches rencontres. Des instants d’Afrique de l’Ouest tantôt savoureux, parfois insouciants, mais toujours pleins de cette énergie de vie propre à la jeunesse et à cette région du monde. Embarquez avec l’auteur dans ses souvenirs et des vadrouilles qui l’ont mené bien plus loin qu’il ne l’aurait imaginé.

Récit de voyages en Afrique de l’Ouest sous forme de courts épisodes savoureux et pleins de cette énergie propre à la jeunesse et à cette région si vivante du monde. Un texte qui fera ressurgir les sensations et émotions de ceux qui ont visité ces pays ou qui donnera envie d’y aller pour vivre des rencontres et des moments inoubliables.

Petit bonus pour les premiers lecteurs : une nouvelle inédite !

Trois questions à Thomas Wild

Thomas Wild1/ Thomas, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Voici ce que je peux dire brièvement : je suis un homme de 50 ans qui a le même goût de la découverte et la même curiosité de l’inconnu qu’il avait à 20 ans. Cela s’exprime par des voyages, des lectures, des déménagements, de nouvelles expériences professionnelles, des études et de nouveaux projets.

2/ Qu‘est-ce qui t’a amené à passer autant de temps en Afrique de l’Ouest ? Tu as voyagé dans pas mal d’autres pays et il semble, pourtant, que tu reviens toujours dans cette région d’Afrique ? Pourquoi ?

Ma curiosité pour l’Afrique vient, je pense, du fait que mon père a vécu quelques années à Madagascar quand il était enfant et ses souvenirs m’ont marqué. De plus, des amis de mes parents avaient vécu au Cameroun, au Sénégal et en Côte-d’Ivoire. Quand ils venaient en visite en France et qu’on les raccompagnait à Roissy, je rêvais de partir avec eux. Cela a dû également jouer un rôle. C’est d’ailleurs chez eux, à Bouaké, en Côte d’Ivoire que j’ai passé mon premier séjour en Afrique. J’avais 18 ans. Ça m’a plu et j’ai réalisé que c’était très facile d’y voyager en fait. Je suis alors retourné en Afrique, au Togo, puis l’année d’après à Dakar, dans la famille d’un copain sénégalais. Je me suis vite fait des amis dans le quartier, ce qui m’a donné envie de revenir. Plus longtemps. Ce sont les amis qui m’ont fait revenir. Et plus j’apprenais à les connaître et à connaître le pays, plus j’avais envie de continuer. J’ai commencé tout de suite à apprendre le wolof. J’aime bien cette langue, j’aime bien la culture sénégalaise et je voulais aller plus loin. Plus de trente ans après, je continue à apprendre. Il y avait par ailleurs un petit côté « aventure », toute proportion gardée, quand je partais à la découverte des autres pays en taxi-brousse, ou en train. J’avais aussi un grand sentiment de liberté, que j’ai toujours quand j’y retourne.

3/ Comment ces voyages ont influencé ta vie et ta vision du monde ? Que reste-t-il de ces années entre le Sénégal, la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Togo, le Mali… ?

Comme tous les autres voyages, ailleurs dans le monde. Comme à chaque fois que l’on découvre de nouvelles choses, de nouveaux paysages, de nouvelles saveurs et musiques, de nouvelles langues, de nouvelles personnes en Afrique, en Polynésie, en Suède ou même dans différentes régions de France et d’Europe. L’Afrique a sûrement eu plus d’influence parce que j’y suis resté plus longtemps qu’ailleurs, que j’y vais régulièrement depuis 30 ans et plus, et que j’y ai développé de longues amitiés, ancrées dans ma jeunesse. Surtout j’y ai rencontré ma femme et j’ai donc une famille là-bas. Des voyages, outre les souvenirs, il me reste des amis et ma famille, comme je viens de le dire.

Extraits

Dans la cour

De retour dans la cour, les gars sont en train de boire l’ataya. Ils en sont au deuxième verre quand on arrive. On se joint à eux et la soirée se passe doucement. Les sujets sont variés : les derniers morceaux de Youssou Ndour, un film qu’on a vu, les nouvelles du quartier, un peu de politique (ce sont bientôt les municipales ici), la vie en France, la vie ici, les projets, pour la vie et pour le week-end qui arrive. Il n’est pas exclu qu’on aille faire un tour au Thiossane samedi soir. Il y a Alioune Mbaye Nder qui va y jouer, paraît-il.

(…)

Après avoir rempli mon journal de bord avec les non-évènements de la journée, je lis un peu, sans conviction. Je préfère regarder la flamme de la bougie et les ombres mouvantes qu’elle projette sur les murs bleus. Cela donne un peu de vie au simple aménagement de ma chambre : une jarre en terre cuite, ma cantine en métal achetée au supermarché Continent de Papeete il y a quelques années, la corde qui traverse la chambre d’un mur à l’autre sur laquelle pendent des vêtements, un pagne et deux-trois conneries. J’ai entendu une fois un gars à la radio qui avait écrit un bouquin sur l’histoire de l’ombre. Il soulignait qu’avec l’apparition de l’électricité au 19e siècle, pour la première fois dans l’histoire de l’Humanité, les ombres étaient devenues immobiles. C’est à ça que je pense pendant que je m’endors en regardant la flamme de ma bougie, juste avant que je ne la souffle.

Garden Bar

Je m’étais pourtant promis de rester tranquille sous le bananier ce soir. Les derniers jours avaient été pas mal agités entre les différents concerts, les allers-retours à pied par les ruelles ensablées entre Kololi et Keur Sérign et la soirée bien animée à Serrekunda dimanche dernier. En arrivant dans la cour ce soir, peu après le crépuscule, je ne veux qu’une chose : prendre une douche et me vautrer dans le siège-auto en buvant l’ataya qu’un des gars est sûrement en train de préparer. Puis, me coucher tôt. Surtout, ne pas sortir, ne pas marcher. Comme on est un jour de semaine, il n’y a pas grand-chose à faire.

(…)

Au bout d’un moment, Allaye revient. Il est rigolard, avec ses petits yeux rouges. Je comprends pourquoi il a pris tant de temps. Il me dit que c’est bon, qu’on n’a qu’à rentrer, qu’il a fait le plein. Je dis au revoir à la copine d’Eva. Elle me dit qu’elle habite chez Aïcha. Je sais où c’est. À Keur Sérign. Pas très loin de là où j’ai habité quelque temps. On se salue. En passant près de la table, Aïcha me dit de passer chez elle quand je veux. Ce n’est pas une mauvaise idée. Elle m’a bien plu sa copine.

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