Fil Conducteur - Marie-Emilie Porrone - Editions Partis Pour

Le Fil Conducteur

De Paris à Bishkek sur les Routes de la Soie

Partir un an, c’est encore trop peu. Voyager avec lenteur, c’est toujours trop rapide. Parce que j’ai eu la sensation qu’il me faudrait au moins le reste de ma vie pour penser ce voyage, pour décortiquer chaque sensation. Patiemment et quotidiennement. Savourer cette année à petite bouchée.

De Paris au Kirghizistan, Le Fil Conducteur est une invitation à savourer le temps, les rencontres, les lieux, les moments suspendus.
Récits mouvants, émouvants, peuplés de rencontres humaines et non-humaines, de trains, de marche, nourris de ciels, de présences et absences, de montagnes…
Une invitation à suivre le chemin, la quête de sens qui m’a menée à écouter les voix poétiques et toutes les lignes multiples et indivises qui se faufilent entre soi et l’autre.

Les lieux pour s’ancrer au monde, apprendre à voir.
Les liens pour s’enlacer au monde, apprendre à être.
Les rythmes pour jouer avec les mots, à chaque texte sa danse.

Vous voulez suivre le fil ? Découvrir les lieux et rencontres de ces Routes de la Soie ?

Trois questions à Marie-Emilie Porrone

Portrait_MEPorrone_FilConducteur_EdPartisPour1/ Pourrais-tu te présenter en quelques mots ? Ton parcours ? Tes passions ?

Je suis née en Normandie au bord de la Seine. J’ai été d’abord passionnée par l’histoire de l’art, une discipline découverte au lycée que j’ai étudié par la suite à l’université. Aux sources de ces études, un désir de faire se rencontrer les disciplines, notamment la peinture et la musique. L’histoire de l’art permet d’aborder la philosophie, la politique, l’histoire, la géographie, et bien d’autres domaines grâce au prisme de l’art, fascinant et riche en ouverture. J’ai poursuivi avec un master professionnel en médiation culturelle, par l’envie de sortir de la bibliothèque et d’aller sur le terrain, c’est ainsi que je suis devenue guide conférencière. Et progressivement cette petite étincelle de l’écriture a commencé à se montrer. Pour mes visites, je racontais des histoires, et je commençais de plus en plus à mêler mes mots et mes émotions aux explications historiques. Sous les visites guidées, le désir de récit se manifestait… Puis le voyage est arrivé, d’une façon assez romantique !

2/ Qu’est-ce qui vous a poussé sur les routes de la soie ? Pourquoi avoir choisi ce fil ? Quelle fut l’inspiration ?

À l’origine des routes de la soie, il y a eu un voyage, mais pas le mien. Pas totalement. Olivier, que je venais à peine de rencontrer, s’en allait en Asie. C’était en 2012. Renonçant à mon job d’été, je suis allée le rejoindre en Chine, ne sachant absolument rien de ce qui m’attendait, écoutant juste mon instinct, je voulais simplement aller le rejoindre, et pourquoi pas, profiter du voyage, moi qui n’avais jamais été plus loin que l’Italie. Notre rencontre s’est pour ainsi dire scellée en Chine, dans le Sichuan plus exactement. Cet été-là ressemblait à un film, ce qui n’était pas pour me déplaire. J’étais déboussolée par ce pays et mon histoire d’amour, et très heureuse de l’être !

Nous avons ensuite décidé de repartir, cette fois de construire un projet ensemble, partir à deux, dès qu’on aurait suffisamment d’argent en poche. Au départ, c’était un pèlerinage, nous voulions retourner en Chine, mais nous voulions y aller sans prendre l’avion, tranquillement, y aller de pays en pays. On s’est aperçu de façon assez naïve que ce voyage s’inscrivait dans une longue histoire de routes… les fameuses routes de la soie ! Alors soit, en route pour la soie. Et ce voyage a évidemment pris une autre ampleur ! Il s’est étoffé, élargi de la saveur de la rencontre, de la conscience du déplacement et des questionnements qui l’accompagnent.

Quant à l’inspiration, elle allait se trouver en route, mais aussi par une rencontre particulière. Avant de partir, un ingénieur poète, Georges Amar, m’a en quelque sorte lancée sur la voie de l’écriture. Je l’ai rencontré après avoir lu son livre, Ars Mobilis, repenser la mobilité comme un art. Il est, je pense, à la source du fil conducteur tel qu’il se présente aujourd’hui.

Fil Conducteur - Marie-Emilie Porrone -Editions Partis Pour

3/ Que reste-t-il de ce voyage aujourd’hui ?

Ce voyage est toujours là, un peu plus lointain mais je m’y replonge facilement. Une lumière, une odeur, une ambiance peuvent me ramener immédiatement « en voyage ». Avec Olivier, on partage cette sensation. J’aime à penser que le voyage ne finit jamais vraiment. Je me suis consacrée à l’écriture et je lis plus que je n’ai lu de toute ma vie. La lecture et l’écriture sont mes nouveaux modes de déplacements, que je combine quand je peux avec quelques escapades « kilométriques ». J’ai parfois l’envie de repartir au loin, et je pense que cela se fera un jour, mais pour l’instant j’aime à retrouver des sensations fortes dans la forêt près de chez moi. Mon prochain voyage « d’aventurière », ce serait la traversée du Vexin en solitaire, c’est-à-dire partir de chez moi et marcher dans le paysage, arpenter la région où je vis.

Extraits