Le Havre, une ville étonnante
Je n’avais jamais imaginé qu’un jour j’irais au Havre. C’est donc totalement par hasard que j’y ai passé mon 32e anniversaire. Ce jour-là, nous étions partis de chez nous avec comme objectif de nous arrêter à Saint-Malo. En effet, nous nous rendions à notre rendez-vous annuel avec la ville dans le cadre du Festival des Etonnants Voyageurs. Mais, ayant des tonnes de choses à régler avant notre départ, nous avons pris pas mal de retard. En route, nous nous rendons compte que, si nous allons jusqu’à Saint-Malo, nous devrons dormir dans la voiture. Et je n’ai aucune envie de passer la nuit dans une voiture le soir de mon anniversaire. Nous décidons donc de nous arrêter en route. Sur le panneau juste devant nous : Le Havre. Et si nous allions au Havre ? Nous passons devant la ville depuis plusieurs années et nous ne nous y sommes jamais arrêtés. Alors, pourquoi pas y passer la nuit ?
Je ne sais pas du tout à quoi m’attendre en arrivant au Havre. Je n’avais aucune idée de ce à quoi cette ville pouvait ressembler. Et elle m’a totalement étonnée !
Premier étonnement : le Volcan
Selon votre imagination, en entrant dans la ville, vous tomberez soit face à un pot de yaourt, soit à une reproduction miniature d’une tour de refroidissement d’un réacteur nucléaire, soit à un volcan. Pour nous, ce fut la deuxième option. Mais qu’est-ce que c’est ce truc en béton tout blanc ? Je lis au passage le nom du célèbre architecte brésilien, Oscar Niemeyer. Serait-il l’architecte de ce bâtiment ? Il me faut en savoir plus.
Cet étrange bâtiment surprenant et contrastant avec les immeubles qui l’entourent est la Scène nationale du Havre, une des plus grandes salles de spectacle de France, et est appelé le Volcan. Il se situe sur la place Oscar Niemeyer, anciennement place Gambetta rebaptisée du nom de l’homme qui a pensé et réalisé ce site culturel inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2005. Inauguré en 1982, le Volcan n’a jamais fait l’unanimité auprès des Havrais et ça se comprend. Ce bâtiment est hors norme, très froid et ne s’intègre pas vraiment dans le paysage. Afin de lui redonner vie et de rendre cette place plus attractive pour les habitants, un grand projet de réhabilitation est en cours depuis 2011 et devrait être terminé dans le courant de l’année. Le Petit Volcan deviendra une médiathèque et une cafétéria/restaurant devrait apporter un peu plus de chaleur au site. Pour en savoir plus sur ce site, je vous invite à lire cet article de René Solis de Libération. Nous n’avons pas pu visiter l’intérieur du Volcan mais, je serais bien tentée d’aller y voir un spectacle à l’occasion. Cela doit être une expérience particulière.
Je n’ai malheureusement pas réussi à prendre des photos de cet endroit. Comment l’aborder ? Sous quel angle ? Comment arriver à transmettre l’ampleur du site avec mon objectif ? Il est de ces lieux qui nous impressionnent tellement que l’on se sent incapable de transmettre cette émotion qu’ils nous provoquent. Il peut s’agir de paysages grandioses ou de bâtiments architecturaux exceptionnels. Le site Oscar Niemeyer fait partie de ceux-là. Alors, je laisse de côté l’appareil et je m’en imprègne complètement. Tant pis pour les photos, tant pis pour les souvenirs matériels. Ils sont gravés en moi. Avez-vous également été surpris par ce site totalement hors-norme ? Qu’en avez-vous pensé ? Je serais curieuse d’avoir votre avis.
Deuxième étonnement : une ville de béton
Le Havre, des immeubles qu’on dirait sortis de l’époque communiste avec cette touche d’élégance bourgeoise du passé en plus. Nous ne connaissons pas l’histoire de cette ville mais, son apparence titille notre curiosité. Pourquoi une telle uniformité architecturale ? Pourquoi du béton partout ? Que s’est-il passé ici ?
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, tout le centre-ville n’est plus que ruines. Lourdement bombardée par les alliés afin d’en déloger les nazis, la ville est entièrement à reconstruire. La tâche de reconstruction de la ville est confiée à l’architecte Auguste Perret, passionné et fasciné par le béton. Il devient d’ailleurs le premier architecte à utiliser le béton armé. Perret et son atelier édifient de 1945 à 1964 une nouvelle ville, totalement moderne, épurée et d’avant-garde. Bien que déroutante au premier abord, cette architecture m’a plu. Aérée, sobre, mise en valeur par le travail des paysagistes. La ville est agréable sous le soleil de mai. On s’y sent vraiment bien. J’ai particulièrement apprécié l’Eglise Saint-Joseph. D’une église elle n’en a pas l’apparence traditionnelle. En effet, de l’extérieur on dirait plutôt un bunker surmonté d’une tour. Elle est massive tout en étant aérienne. Un contraste étonnant. À l’intérieur, j’ai été éblouie par le jeu de la lumière du soleil qui passe au travers des magnifiques vitraux multicolores, conçus par Marguerite Huré, de la tour. Le spectacle est magnifique et confère de la chaleur et de la magie à cet édifice relativement froid. J’aurais également aimé visiter l’Appartement témoin Perret afin de pouvoir découvrir la disposition des espaces dans ces immeubles ainsi que le mobilier spécifique de l’après-guerre et me plonger dans un moment de vie de l’époque. J’ai un faible pour la déco vintage. Malheureusement, mes talents de décoratrice se limitent à quelques caisses non vidées au cas où je déménagerais et à un petit phare en bois qui me suit partout et que je pose dans chacune des salles de bain que j’occupe. Je n’ai jamais réussi à me poser à un endroit et à m’y sentir bien assez que pour avoir envie d’y mettre une part de moi-même.
Troisième étonnement : le MuMa
Le Musée d’Art Moderne André Malraux, inauguré en 1961 par André Malraux lui-même, rassemble la collection la plus importante d’œuvres impressionnistes ainsi qu’un fonds Eugène Boudin, un peintre impressionniste normand. Rien d’étonnant jusque là me direz-vous. Exact ! Mon étonnement vient encore une fois de l’architecture du musée. Contrairement au béton de Perret qui définit l’unité architecturale de la ville, ce bâtiment est fait d’acier, de verre, d’aluminium et de béton. Il est ultra-moderne. Un grand espace modulable, aéré, lumineux, léger qui met en valeur les œuvres exposées. La situation du musée est également exceptionnelle : face à la mer, le spectacle extérieur attire autant le regard que les œuvres exposées. Tant par ses collections impressionnistes que par sa conception architecturale, ce musée met en avant la lumière et sa façon de jouer sur notre perception de la réalité.
Quatrième étonnement : une ville family friendly
Enfin, Le Havre a reçu le label Famille Plus. Je fais rarement attention à ce genre de choses et je n’en ressens pas spécialement le besoin. Oui, depuis que nous avons un enfant, je cherche davantage des activités susceptibles d’être appréciées par un enfant, je monte dans tous les petits trains ou bus touristiques qui existent et j’ai un cinquième sens en ce qui concerne les plaines de jeux. Mais, je ne regarde pas si la ville organise des activités « enfants admis » ou si l’hôtel accueille volontiers des familles ou encore si le restaurant où nous allons manger a des menus adaptés et une pochette de jeux pour occuper la marmaille le temps du repas. Non, le label « Famille plus » n’est pas en haut dans mes critères de sélection d’une destination. Toutefois, j’ai été surprise au Havre par la qualité de l’accueil réservé aux enfants et j’ai apprécié les petites attentions de l’hôtelier et des restaurateurs et la présence de nombreuses et magnifiques plaines de jeux.
Le Havre est une jolie ville de province paisible et qui semble assez agréable à vivre. Elle surprend le visiteur qui s’y sent vite comme chez lui. La mer, la littérature et l’histoire sont partout présentes. Moins de 24 heures auront suffit à me faire apprécier cette ville étonnante et déroutante. Sa lumière, son air, son urbanisme, son esprit, son calme… J’y retournerais bien le temps d’un week-end histoire d’en savoir un peu plus sur ce Patrimoine mondial de l’Unesco.
Quelques bonnes adresses au Havre
Où dormir ?
86, rue Louis Brindeau
76600 Le Havre
Un petit hôtel confortable où l’on se sent bien. Patron et personnel sympathiques, pommes à volonté, pochette surprise pour les enfants et chauffage pour les frileux.
Où manger ?
22, rue Georges Braque
76600 Le Havre
Je vous avais déjà parlé de cet excellent restaurant dans Mes Petits Plaisirs de Mai : cette taverne a tout pour plaire. Petit plus, elle propose un menu enfant avec du « vrai » poisson et de la purée. Pourquoi les restaurant proposent-ils toujours des plats gras et non équilibrés aux enfants ? Comme s’ils ne savaient manger que des frites et des nuggets ?
Où boire un verre ?
Au bureau
36, rue Bernardin de Saint-Pierre
76600 Le Havre
Parce que le nom est bien trouvé !
Et vous, comment trouvez-vous Le Havre ? Y avez-vous passé vos vacances d’enfance ?
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Merci pour ce bel article sur notre ville aux 1001 facettes et qui surprend toutes les personnes qui viennent « par hasard » au Havre ! 😉
A bientôt un peu moins par hasard qui sait !
Thomas
Merci Thomas. La prochaine fois, ce ne sera pas du tout par hasard ! Au moins, nous savons déjà où dormir ! A bientôt.