Un an de vie nomade

par | Fév 11, 2017 | Réflexions

Si nous avons repris notre vie nomade depuis septembre 2015, 2016 marque notre première année entièrement sans domicile fixe. Au départ, je ne voulais pas faire de bilan car je me disais qu’il était plus intéressant de regarder vers l’avant, d’avancer vers les projets qui nous attendent. Et puis, en arrivant ici en Afrique du Sud, j’ai réalisé à quel point notre année 2016 a été riche en expériences, en émotions, en mouvement et j’ai eu envie de la mettre par écrit. Malgré les difficultés rencontrées qui parfois assombrissent le chemin, je me rends compte que les belles choses, les belles rencontres, les beaux moments sont plus nombreux. Je me rends compte aussi du chemin parcouru. Toujours plus ancré dans ce que nous désirons et plus conscients que jamais des réalités matérielles indispensables à la concrétisation de nos projets les plus fous. Nous sommes décidés. Nous ne perdons pas le but de vue. Nous nous réjouissons de ce que nous construisons même si cela implique de nombreux sacrifices, pas toujours évidents à gérer mais qui ont du sens. Car, contrairement à d’autres familles nomades, nous n’avons pas de travail assez rémunérateur que nous pouvons effectuer à distance et nous n’avons aucune économie, ce qui implique de se déplacer essentiellement en fonction des opportunités professionnelles que ce soit en Belgique, en France, en République tchèque, en Italie, à Malte ou au Mali et donc parfois d’être séparés pour de longues périodes. Certes, notre vie peut sembler désorganisée, elle demande beaucoup d’énergie, de flexibilité, de résilience, d’adaptation et de créativité. Nous prenons parfois des risques. Parfois, on se demande comment nous allons faire pour terminer le mois. Et puis, tout s’éclaire. Nous profitons de chaque instant. De notre chance. De cette vie intense. Des rencontres qu’elle offre. Des possibilités. Des surprises. Rien n’est écrit d’avance. Nous suivons les grandes lignes. Et nous poursuivons notre quête vers plus de liberté et une vie qui nous corresponde entièrement. Une vie que nous aurons écrite ensemble.
Libre, intense, excitante, enrichissante, éreintante !
Quel a été notre parcours en 2016 ? Quelles rencontres avons-nous faites ? Quels endroits avons-nous découverts ? Voici un résumé de notre année mois après mois.

Janvier cliché

Après des vacances passées en famille à Valmeinier, nous rentrons en Belgique où nous nous installons dans un chalet du côté de Lavacherie, dans la province du Luxembourg. Un hiver sous la neige dans un chalet en bois avec une cheminée à feu ouvert à jouer dans la neige, faire des bonhommes de neige, se promener le long de l’Ourthe, boire un thé en regardant le paysage enneigé si apaisant, jouer au train électrique. Un mois aussi à déménager, explorer des pistes, lancer des idées…

Février poétique

Nous passons le début du mois en République tchèque sur les bords de l’Elbe à Litoměřice avant de retourner dans notre chalet en Belgique. Un mois entre musique, poésie et longues balades en forêt.

Mars dynamique

Nous quittons la forêt ardennaise pour rejoindre la capitale et déménager encore une fois ! Les pistes explorées n’étaient pas les bonnes et nous rassemblons ce qu’il nous reste et l’entreprise en un seul lieu, à Bruxelles ! Ce mois est coupé par deux escapades en France. La première à Clermont-l’Hérault. Je ne connaissais pas l’Hérault et j’avais une envie folle de marcher. Lors de nos trois jours sur place, nous avons donc fait trois randonnées différentes : à Villeneuvette, au Cirque de Mourèze et aux salins de Frontignan. Et pour prolonger le plaisir de cette lumière et de la douceur de l’air, nous sommes remontés lentement vers le Nord en empruntant les petites routes départementales en nous répétant qu’il y a tellement de magnifiques endroits à voir en France.

L’autre en Alsace. L’Alsace, c’est un peu notre deuxième maison tant nous y passons du temps. Et chacun de nos passages est l’occasion de faire de nouvelles expériences.

Entre ces déplacements et déménagement, nous avons même eu le temps de nous dire oui, de nous unir pour la vie. Un merveilleux voyage qui continue.

Avril décisif

Le début du mois se passe à Bruxelles. Une ville que je connais si bien et pourtant si peu. Alors, en ce début avril 2015, je prends l’engagement d’explorer la ville qui m’a vu naître à chacun de mes passages, de l’envisager comme une étrangère qui viendrait de s’installer dans la ville. Nous découvrons tant et tant d’endroits qu’il me tarde de les partager avec vous dans mes prochains billets.

Nous avons besoin de prendre l’air et d’aller passer un peu de temps totalement déconnectés. Nous décidons de reprendre la route vers le Sud, à Digne-les-Bains, pour rejoindre des amies chères rencontrées à Dakar. Il est temps aussi de prendre une grande décision qui influencera la suite de l’année : partir ou pas à Bamako. Nous nous coupons d’Internet et du tumulte. Et passons, pour la première fois depuis des mois, de vrais moments à trois. Digne-les-Bains nous a apaisés. Elle nous a permis de nous retrouver, de nous reconnecter et de prendre les bonnes décisions. Nous avons passé des moments d’une grande douceur et d’une grande joie avec nos amis. Et nous y avons même trouvé notre petit coin de paradis.

Mai déchirant

Notre séjour à Digne-les-Bains touche à sa fin et nous remontons en Belgique où nous allons passer un long week-end en forêt avec les enfants à Deulin. Camper au milieu des bois, faire du feu, se laver à l’eau froide dans une bassine et (re)devenir des enfants sauvages. Des moments d’une simplicité régénérante !

Nous repartons ensuite vers la France, en Bretagne. Comme chaque année, à la Pentecôte, nous prenons la direction de Saint-Malo pour assister au Festival des Etonnants Voyageurs. Nous nous étions jurés de ne plus y retourner déçus par nos précédentes expériences. Nous y sommes pourtant allés sans attente, avec l’intention de prendre ce qu’il y avait à prendre, et nous avons passé un excellent moment.

À peine rentrés de Saint-Malo, le temps de fêter mon anniversaire et nous montons en avion pour Brindisi, dans les Pouilles, en Italie. Un endroit inattendu. Une belle surprise. De la lumière ! Une lumière incroyable ! Et puis, de la douceur. La mer. Les glaces. La cuisine. Nous avons passé presque toute notre semaine à Brindisi, hormis une escapade dans la merveilleuse Lecce. J’ai aimé Brindisi. J’ai aimé son ambiance. Je ne voulais pas la quitter. J’aurais aimé y passer plus du temps. Vivre la région. Sentir le soleil. M’émerveiller devant la lumière et les couleurs. Vivre ! Semaine empreinte aussi de beaucoup de tristesse car elle marquait le départ de Joël pour le Mali. Un départ déchirant à 6h du matin au bas d’un hôtel de Brindisi sans connaître la date de nos retrouvailles.

Juin guigne

Début juin, nous quittons l’Italie. Mais pas trop vite… Encore envie de profiter de ce pays que j’aime tant. Pour prolonger le plaisir, je décide de remonter en Belgique en train. Traverser la moitié de l’Europe par ce moyen de locomotion me plaît bien. Avancer petit à petit. Mais avancer car le budget est serré. Pas de plan. Des grandes lignes. On verra bien à chaque arrêt. Nous mettrons trois jours pour remonter de Brindisi en passant une nuit à Bologne et une nuit dans le train entre Milan et Dijon. Durant ce voyage, nous visiterons Bologne sous la pluie, nous rencontrerons une bonne fée qui nous conduira de Dijon à Nancy en voiture, nous évitant d’attendre plusieurs heures à la gare de Dijon, et nous resterons dans l’attente d’un départ éventuel d’un train en direction de Bruxelles depuis la gare de Luxembourg, le rail belge étant en grève ! Nous arrivons enfin à Bruxelles tard dans la soirée ravis mais épuisés.

Je veux repartir à Digne-les-Bains pour chasser mon chagrin en retrouvant nos amis et les montagnes. Le départ sera retardé en raison d’une double panne de notre van. Il me faut trouver le bon garagiste pour réparer l’indispensable avant de reprendre la route avec un frein à main qui ne sert plus à rien. Nous le ferons réparer en France ! Partir… Partir. S’enivrer de la route. S’installer à Digne-les-Bains. Respirer les montagnes. Vivre à un autre rythme. Et gérer la colère de Sacha. Et encore remercier la vie des bonnes fées qui m’entourent et des belles rencontres.

Fin juin, Sacha découvre Paris, un de ses rêves. Nous sommes invités par Véronique et son mari. Rencontrés quelques jours plutôt au plan d’eau de Digne, nous passerons de merveilleux moments en leur compagnie. Et grâce à la générosité de Véronique, Sacha a pu assister à son premier spectacle de danse, Tutu.

Juillet road trip

Le mois de juillet sera surtout marqué par notre road trip avec Tiphanya et Nine à travers quatre pays : la Forêt Noire en Allemagne, le Grand Ried en Alsace, la côte belge et le Zwin, Efteling et son merveilleux parc d’attractions aux Pays-bas et enfin la Wallonie en suivant l’Ourthe de Liège à Gouvy. Deux mamans, trois enfants, une tente et des tas de souvenirs !

Enfin, nous terminons le mois à l’Isle-sur-la-Sorgue avec Joël. Au programme : canoë, accrobranche, glaces (encore oui) et une soirée romantique en amoureux.

Août famille

Nous passons la première quinzaine d’août à arpenter les rues de Bruxelles et à tester des adresses gourmandes.

La deuxième, nous la passons en famille, au sens large, en camping à Portiragnes. Autant dire que je n’ai rien fait d’autres que de courir ! Et je n’ai même pas sorti l’appareil photo. Toutefois, les balades à vélo le long du canal du Midi m’ont redonné le goût du vélo. Et tiens, mon envie de suivre la Loire à vélo a refait surface…

Septembre départ

Notre départ pour Bamako approche. Il reste tant de choses à préparer depuis Bruxelles et je n’ai que quelques jours. Nous allons enfin rejoindre Joël au Mali et arrêter le moteur. Je suis heureuse de ce départ. Retourner en Afrique. Aller à Bamako. Se poser là. Observer. Prendre un autre rythme. Méditer. Et se remettre au centre de son existence. Prendre des décisions pour soi. Bamako !

Octobre beauté

Un rêve qui se réalise ! Pour l’anniversaire de Joël, nous avons décidé de partir en Corse. Quel bonheur ! Cette île, nous rêvions d’y aller ensemble. Un moment si fort, mais si fugace, qu’il semble n’être qu’un rêve. Et c’est ce que nous aimons : faire de nos souvenirs des rêves. Nous savons que nous avons vécu ces instants magiques. Que nous avons vu des paysages d’une beauté incroyable. Nous n’avions rien prévu. Se laisser porter par l’envie. Le moment. D’Ajaccio à Zonza. Et encore une fois reconnaître sa chance. Se sentier heureux. Et dire merci.
Octobre se poursuit et se termine à Bamako. Toujours en douceur. Je me sens de plus en plus à l’aise. Un projet germe tout doucement dans mon esprit.

Novembre maltais

Il est temps de quitter Bamako. Direction une toute petite île de Méditerranée : Malte. J’y étais allée à l’âge de Sacha et je n’en avais gardé quasiment aucun souvenir mis à part le grand nombre d’églises. J’étais heureuse d’y passer le mois de novembre, belle transition avant de rentrer en Belgique pour les fêtes de fin d’année. J’ai adoré la lumière. Ses couleurs. Son histoire millénaire exceptionnelle et inconnue. J’ai aimé ses sites naturels magnifiques. Son accessibilité. Et pourtant, il n’y a pas eu de coup de foudre. Malte m’a fait prendre conscience qu’il y a des lieux avec lesquels la rencontre ne se passe pas. Peut-être que je n’ai pas vu les bons endroits ? Peut-être que je n’ai pas su m’ouvrir ? Peut-être que nous ne sommes pas sur la même vibration ? Trop dense peut-être ? Je ne sais pas…

Décembre vitesse

Nous entamons décembre à Birżebbuġa, à Malte. Une sorte de mélancolie s’empare de nous. Dans quelques jours nous serons à nouveau séparés.
Joël retourne au Mali. Nous en Belgique. Quelques jours seulement. Un séjour à Toulouse, où je rencontre une très belle personne, May, puis à Marseille, ma ville de cœur, nous attendent. Que j’aime Marseille ! J’ai besoin de lumière et de vie. Tout ce qu’offre la cité.
Nous remontons en Belgique pour Noël et régler quelques histoires. Le réveillon passé, nous repartons cette fois à quatre vers le Jura puis Besançon. Nous espérions de la neige pour les enfants. C’est sous un grand soleil bien froid que nous passerons notre séjour déçus par le Parc Polaire. Par contre, nous nous sentons bien à Besançon. Pour l’un et l’autre, c’était une ville totalement inconnue n’évoquant aucune image. Nous n’aurons malheureusement pas l’occasion de la visiter car Sacha est malade et trop fatigué. Nous envisageons la ville comme un endroit où nous poser lors d’une de nos prochaines étapes en France. Et nous pourrons alors visiter la maison de Victor Hugo, la Citadelle et parcourir les environs. Ce mois de décembre est passé à une vitesse folle. Je suis épuisée mais il n’est pas encore temps de se poser…

Blog et projets

En ce qui concerne le blog, l’année 2016 a été une année remplie de doutes. Dois-je continuer à partager nos aventures ? Quelle est ma place dans ce monde des blogueurs de voyage ? Parfois, je ne m’y retrouve pas. Je ne me sens pas à ma place. Et si j’aime écrire et partager nos voyages, découvertes et coups de cœur, j’investis énormément de temps dans chaque article. Peut-être que je pourrais mieux placer ce temps dans d’autres projets qui me tiennent à cœur et qui demandent également beaucoup d’investissements ? En effet, j’ai repris des cours afin de me consacrer à ce qui me passionne depuis mes 16 ans, la photographie, et nous lançons notre « petite » maison d’éditions avec la sortie de notre premier livre écrit en commun, Chronique d’un départ. Et puis, je me dis que j’ai envie de garder cet espace, de continuer à partager, d’écrire pour garder une trace. Alors, j’ai ralenti le rythme, j’ai pris plus de temps pour vivre, écrire, photographier et travailler sur nos projets, mais je n’ai pas abandonné. Je ne l’ai pas abandonné car il m’a permis de me lancer, de prendre confiance en moi, d’être assidue, de réfléchir à ce que je voulais et ne voulais pas. Pour me sentir plus en paix, j’ai essayé de trouver un équilibre. Maintenant que je l’ai trouvé après 2,5 ans, j’ai envie de faire évoluer cet espace. Envie de lui donner une autre énergie, un autre aspect, de le rendre plus dynamique. Qu’il corresponde à nos projets à venir. C’est une tâche à laquelle je vais m’atteler dans les jours à venir. Je suis déjà impatiente de voir renaître Partis pour et de vous le présenter. Mais patience ! Tout comme pour notre livre qui sortira en fin d’année…

En conclusion, je suis heureuse. Heureuse de cette vie, de ces choix, de ces projets qui se concrétisent et aboutissent. Heureuse d’être dans le mouvement. Heureuse de voir que nous avançons toujours plus solides. Fatiguée bien souvent mais heureuse… Si la vie nomade et ce qu’elle implique de beau, de merveilleux mais aussi comme tourmentes et incertitudes vous intéresse, je vous invite à découvrir le magnifique blog de Corinne qui entame sa septième année de vie nomade. Honnête, entière, poétique, rêveuse, inspirante…
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